Crieront-ils mon nom, se demanda Opaline, lorsque la comète s’écrasera sur le sol, son impact anéantissant toute vie proche sur des kilomètres. L’onde de choc détruira des milliers de bâtiments et de vies - mais est-ce qu’ils croiront toujours que cette guerre était sainte et juste ? Est-ce qu’ils penseront que cela en valait toujours la peine ?
Crieront-ils mon nom, se demanda Opaline, lorsque les dragons, rendus fous par le Désastre Blême, se jetteront sur eux et incinéreront ce qu’il reste de survivants ? Lorsque le monde ne sera plus que cendres et poussières ? Est-ce qu’ils réaliseront, enfin, que nous avions été bernés par plus fins que nous ? Que tout cela n’était que prétexte à la fin du monde ?
Crieront-ils mon nom, se demanda Opaline, lorsqu’ils réaliseront que je ne suis pas avec eux ? Est-ce que ce sera de rage ? De désarroi ? Est-ce qu’ils penseront que je les ai abandonnés ? Est-ce qu’ils comprendront qu’il fallait sauver la Citadelle ? La préserver ? Qu’il fallait tout tenter, même si les chances de réussite étaient infimes ?
“Celadon ? Est-ce que tu penses qu’ils crieront nos noms ?”, demanda-t-elle faiblement à celle qui la tenait dans ses bras.
“Probablement pas”, lui répondit cette dernière, en réajustant la mourante dans ses bras. Opaline se tu, ses yeux plongés dans l’observation du visage de son amante, qu’elle tentait de graver à jamais dans son esprit. Le poison n’était pas douloureux, mais Opaline sentait l’engourdissement gagner ses entrailles.
La mort approchait.
“Je suis désolée, Opaline…”
“Nous avons fait de notre mieux… Serre-moi fort, comme après la première nuit, s’il te plaît…”
Et Celadon acquiesça, puis s’allongea sur le sol froid en tenant Opaline contre elle, tendrement. Il n’y avait rien d’autre à faire que grappiller quelques instants ensemble et espérer que la fin du monde soit rapide.
“Je t’aime, petite opale.”
“Je t’aime, Celadon…”