100 secondes.


C’est très exactement le temps restant sur l'Horloge de l'Apocalypse avant que Minuit sonne.


Tout y est passé. Les cris, le sang, la haine, la colère. Les pierres qui frappent, les coups qui pleuvent, les gaz qui brûlent, les yeux qui pleurent. Un bordel sans nom. Un chaos absolu et puis plus rien. Le silence absorbe tout. Plus un bruit. Il ne reste que l'odeur. Un mélange sans forme. Celui de l'essence, du bitume chaud. De la terre battue, des déjections humaines et animales. Et il ne reste que Paris. La ville qui brille et pue en même temps. Une sorte d'œil géant qui surveille de loin avec arrogance le reste de l'hexagone. Un œil unique et inique, vampirisé par des cravates noires et des cols blancs, enfermés dans des immeubles ancestraux confisqués à la populace trop crasse pour y mettre sa godasse.


Paris, l'œil froid et vide à la fois. Là où tout se passe et où tout se décide. Là où il y a tout, là où il n’y a rien. Là où tout est installé et insalubre. Là où tout est carte postale et vide ordure. Paris l’œil qui décide et dirige, qui sait et ignore à la fois. Dans 100 secondes, cet œil disparaîtra. Ou ne disparaîtra pas.


L'histoire a toujours été écrite par les vainqueurs et peut-être que pour une fois, elle sera écrite par des vaincus. Ceux en dessous de la pyramide. En dessous de l’œil. Éloignés et proches à la fois de cette pupille dilatée par le crack de ses rues, de sa paupière lourde par la crasse et le pus de ses avenues. Paris dégouline et suinte et cette fois, avec un peu de chance, ce sera la dernière goutte visqueuse qui en jaillira.


Notre équipe est déjà sur place. Au centre de cet œil. Cachée dans un de ses cils. Elle attend le battement, l'instant précis où l’œil se refermera et sera aveugle. La seule seconde où on prendra possession des lieux. Où nos petites échelles ne se heurteront pas à un mur translucide de cristallin.


100 secondes et c'est la fin absolue de tout.


100 secondes et il sera Minuit.

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  3 commentaires

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Redlyone

1 mois

Ca envoie !

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Gobbolino   aime ce chapitre

4 mois

Un début qui dépotte. je rejoints le Pepito ci-dessous : il y a peut-être un poil trop de superlatifs, ce serait à voir avec la suite du texte, vu que tu décris quand même un grand écart constant. Cela dit, le texte est pêchu et les images marchent bien. Surtout, effectivement, le "cachée dans un de ses cils", qui fait son petit effet.

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Pepito

6 mois

De la pèche dans l'écriture. Juste un peu trop insistant dans les superlatifs et trop de fois le mot "crasse" (l’allitération "crasse" "godasse" hmm, hmm). "Cachée dans un un de ses cils" est excellent.

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