Aliza fut la première à se réveiller. Elle se leva doucement afin de ne pas réveiller Laura, qui avait l'air de dormir profondément. Elle prit son téléphone, qu'elle avait mis charger sur la table de nuit, et se faufila sur la pointe des pieds jusqu'à la cuisine afin de ne réveiller personne d'autre. Comme elle avait l'habitude de le faire, elle se servit un jus d'orange bien frais et resta debout devant l'évier à regarder par la fenêtre la neige qui continuait de tomber abondamment. A voir la quantité de neige qui s'étalait devant elle, on aurait dit qu'il avait neigé toute la nuit. Elle décida de détacher son regard de ce spectacle pourtant magnifique et se dirigea vers le salon, où elle s'assit sur le canapé devant la cheminée. De légères braises fumaient encore. "J'en connais deux qui ont passé une grande partie de la nuit ici", se dit-elle en imaginant les deux autres à dire des âneries, comme ils en avaient l'habitude. Profitant du calme qui régnait, elle en profita pour appeler sa mère, comme elle lui avait promis la veille, "comme ça, ce sera une bonne chose de faites". Même si cela la saoulait de devoir le faire, une petite voix dans sa conscience s'en voulait de se une telle chose et la faisait culpabiliser. C'est sans grande surprise que sa mère décrocha au bout de la deuxième sonnerie.


"- Bonjour ma chérie

  • Bonjour maman
  • Alors, comment ça se passe ?
  • Très bien, tu verrais l'endroit, c'est magnifique
  • Je n'en doute pas, surtout en cette période de l'année. Qu'est-ce que vous avez fait de beau hier ?
  • Oh, rien de particulier, tu sais, on a mangé une raclette, puis on s'est posé tranquillou devant le feu, et on est allé se coucher pas trop tard. Le trajet nous a fatigués
  • Mmmh... Tu sais, tu peux me le dire si vous avez bu ou fait la fête toute la nuit
  • Maman ! Je te jure que non, tout ce qu'on a bu, c'est un ou deux verres de vin en mangeant, c'est tout. Et puis, tu crois vraiment que je t'appellerais à 9h du matin si on avait fait la fête toute la nuit ?
  • Oui, tu n'as pas tort
  • Je vais te laisser, les autres ne vont pas tarder à se réveiller. Je t'enverrai un message ce soir.
  • D'accord ma chérie, je dirai à ton père que tu as appelé. Il est au travail, ça lui fera plaisir d'avoir de tes nouvelles. Profite bien et surtout fait bien attention.
  • Oui maman, promit. Bisous
  • Bisous ma chérie."


De son côté, Yanis s'étira dans son lit. Il n'avait pas beaucoup dormi de la nuit. Il ne faisait que de repenser à tout ce qu'il s'était passé la veille et de la connerie qu'il avait faite en provoquant ce fameux Alejandro. Toute la nuit, il a essayé de se convaincre que c'était juste quelqu'un qui voulait leur faire peur, c'est tout, mais les paroles du jeune homme dans le train lui revenaient sans cesse en mémoire :"Ce n'est pas le genre de personne à laquelle on peut dire non". Il ne savait pas quoi faire. Devait-il le dire à ses amis ? Il n'avait toujours pas la réponse à sa question. Il était complètement perdu. Une bonne douche bien chaude lui ferait du bien. Il se dirigea en direction de celle-ci et se faufila dans la douceur de l'eau chaude.


Aliza, toujours dans le canapé et ne sachant pas allumer un feu de cheminée, avait réussi à se décoter un plaid qu'elle avait trouvé sous la table basse du salon. Elle s'emballa dedans et joua sur son téléphone pour passer le temps. Soudain, elle entendit des bruits de pas arrivés dans sa direction. Elle releva la tête et vit Yanis s'asseoir à ses côtés.


"- Bien dormi ? lui demanda-t-il

  • Comme un bébé et toi ?
  • Mouais, ça aurait pu être mieux si Anthony et Evan n'avaient pas fait les cons toute la nuit.
  • Ah bon ? Je n'ai rien entendu du tout
  • Ben t'as de la chance ! Je vais me faire un café. Tu veux un jus d'orange ? demanda-t-il en désignant le verre posé sur la table du salon.
  • Non, merci, ça ira."


Il se leva et se dirigea vers la machine à café, le regardant couler d'un air absent. Pendant une fraction de seconde, il a eu envie de lui révéler la seconde raison de son insomnie, mais il avait préféré s'abstenir. Commencer la journée en lui révélant cette bombe n'aurait pas été cool, d'après lui. Le seul problème, c'est qu'il n'arrivait jamais à mentir à Aliza. Ils étaient amis depuis toujours. Au départ, il n'y avait qu'eux deux, puis elle avait rencontré Laura, puis Anthony, pour finir par Evan. Elle était sa meilleure amie, sa confidente, sa sœur de cœur. Il savait qu'il finirait par tout lui révéler, ce serait plus fort que lui. Il prit une grande inspiration et retourna près d'elle avec son café. Un silence pesant régnait dans la pièce, il était mal à l'aise. Aliza, quant à elle, lui lançait quelques regards furtifs. Elle voyait bien que quelque chose n'allait pas. Elle se retint un moment de lui demander ce qu'il n'allait pas, ne voulant pas le brusquer, sauf qu'elle n'a jamais été très patiente.


"- Yanis, qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en posant son téléphone sur la table

  • Mais rien, pourquoi tu dis ça ?
  • Je te connais par cœur, je vois bien qu'il y a quelque chose qui te tracasse."


Il regarda un instant sa tasse de café, hésitant, puis finit par lui révéler la vérité plus tôt qu'il ne l'aurait cru.


"- J'ai fait une grosse connerie, soupira-t-il

  • C'est-à-dire ?"


Il lui expliqua tout ce qu'il avait fait une fois qu'il était arrivé dans sa chambre : les recherches qu'il avait faites, ce qu'il avait pu trouver, et finit par lui montrer les messages qu'il avait envoyés et ceux qu'il avaient reçus. Elle fronça les sourcils en les lisant, puis le dévisagea un instant.


"- Pourquoi t'as fait ça ?

  • Je voulais lui montrer qu'on n'avait pas peur de lui...
  • Tu te rend compte de ce que tu as peut-être fait, Yanis !
  • Je sais, j'ai merdé


Elle poussa un léger soupire, puis répondit avec plus de douceur :


  • C'est rien. S'il continue, on finira par aller voir la police. Pour ma part, je n'ai plus reçu de message depuis qu'on est arrivé ici. Voyons comment va se dérouler la journée, on verra bien."


Yanis opina. Il espérait au fond de lui qu'il les laisserait tranquilles. "Puis elle a raison, s'il continue, on appelle la police", se dit-il avec conviction. Et pourtant, si seulement il savait ce qu'il les attendait...

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