Clara venait de s’installer sur le muret devant King’s College, un sandwich entre les mains. L’air frais de la mi-avril offrait un contrepoint agréable au soleil déjà chaud du printemps. Au-dessus de la tête de la jeune livreuse, un ballon passait paresseusement, crachant son habituel message d’une voix éraillée de fatigue : « Toute personne en possession d’archives ou de documents relatifs au passé d’avant le grand-blanc est priée de se faire connaître auprès des autorités. Vous recevrez une compensation en fonction de l’intérêt des documents soumis ». Elle soupira. Si après tant de temps des gens possédaient encore des papiers traitant de l’avant grand-blanc, ils n’allaient certainement pas décider de les amener dans les bureaux de l’armée juste en entendant le crieur sur le ballon. Le gouvernement ferait mieux d’économiser leur énergie, et d’arrêter de casser les oreilles des honnêtes citoyens… ou des citoyens tout court, se reprit-elle. Elle ne pouvait pas exactement dire qu’elle était honnête, malgré tous ses efforts. 

Néanmoins, elle avait réussi à se créer une petite vie relativement confortable. Non que livreuse à vélo payait bien, mais entre ça et ses petits à-côtés occasionnels, elle arrivait à louer un modeste appartement pour Mattie et elle sur Hills Road, et à mettre du pain sur la table la plupart du temps. Bien sûr, elle rêvait d’un peu plus, à peu près toutes les nuits. De pouvoir aller chez le médecin pour la toux de Mattie, déjà, de fruits et de légumes frais, et aussi de vêtements mieux taillés, et pourquoi pas d’un peu plus de bois pour continuer à se chauffer au printemps, mais elle ne se sentait pas le droit d’obtenir plus. Une vie calme, au dernier endroit où on irait les chercher, c’était déjà plus que ce qu’elle avait espéré. 

La dernière bouchée disparaissait à peine dans sa bouche quand Madam Howlet apparut à la porte du café pour lui signaler que sa cargaison était prête. Les affaires reprenaient. Clara se redressa, essuya machinalement son pantalon pour chasser les miettes qui seraient tombées dessus, et se dirigea vers la tenancière. Au programme, comme d’habitude, livrer leurs déjeuners aux archéologues aux prises avec Wolfson College, puis à ceux de Magdalen. Et bien sûr, collecter les paiements. Ensuite, Clara serait probablement envoyée à ceux plus proches, comme Corpus Christi et Pembroke, et elle aurait un peu de temps libre avant d’aller récupérer les sacs et d’effectuer les livraisons du soir. Si elle s’y prenait bien, elle aurait le temps de faire une sieste, voire, si elle avait de la chance de discrètement glisser les chutes de viande et de légumes dans son sac pendant que Madam Howlett finissait ses commandes pour les ramener ensuite à Mattie entre deux livraisons.

Cette pensée lui donna le courage nécessaire pour s’arracher de son siège en plein soleil. Elle récupéra les sacs de jute remplis à ras-bord de victuailles à la porte arrière et se dirigea vers sa bicyclette. Livrer les collèges était en général le point le plus bas de sa journée. La quantité de nourriture que les équipes de fouille commandaient pesait son poids dans sa petite remorque, et en plus, ils étaient pingres comme pas permis lorsqu’il s’agissait de donner un pourboire. En plus de cela, les collèges en eux-mêmes regorgeaient de revenants. Même Wolfson, qui avait probablement été créé juste avant le grand-blanc, possédait son lot de résidus et de manifestations. Que dire alors de Magdalen, Corpus Christi et Pembroke ? Leurs murs de pierre étaient infusés de regrets anciens. De regrets que Clara n’était pas censée percevoir. La dernière chose qu’elle souhaitait était que quelqu’un s’aperçoive que la livreuse du déjeuner était une clairvoyante non-affiliée. Néanmoins, il s’agissait probablement de son meilleur coup de poker. Qui se douterait qu’elles étaient allées dans un haut lieu archéologique de leur plein gré ?

La vue de la grille en fer forgé de Wolfson interrompit ses pensées. Elle s’efforça de les repousser à l’arrière de son esprit. Ruminer ne l’avancerait à rien. Elle plaqua un sourire de circonstance sur son visage et salua d’un geste de la main le garde en faction devant la porte. Celui-ci lui rendit son salut et ouvrit la trappe pour qu’elle puisse y déposer son sac. Quelques secondes plus tard, une pochette contenant le paiement attendu ainsi que le sac vide de la veille au soir suivirent le chemin inverse. Les recherches à Wolfson étaient classées comme sensibles. Par conséquent, seul le personnel autorisé pouvait entrer. Cela convenait parfaitement à Clara. Magdalen, en revanche, était considéré comme un lieu de recherche de basse priorité, et la jeune fille devait traverser les deux cours et plusieurs bâtiments en fixant ses pas pour éviter de croiser le regard d’un revenant. Ils pullulaient. Mais c’était toujours moins pire que Corpus Christi ou Pembroke. Apparemment, à l’époque où ces collèges avaient été construits, on considérait que c’était une bonne idée d’enterrer les morts directement sous les pieds des vivants. Soupirant, la jeune femme entama l’ascension de l’escalier de bois menant à la Vieille Bibliothèque. Un vilain assemblage qui tenait debout davantage par sa mémoire d’avoir un jour été un seul objet que par autre chose.

Pour rendre les choses encore plus difficile, un fantôme errait en haut des marches, ignoreux des vivants et baragouinant quelque chose dans un langage que Clara ne comprenait pas. Et bien sûr, si elle ne voulait pas éventer son secret, elle devait le traverser. Cette fois-ci, elle n’avait pas de moyen de l’éviter. La jeune fille ferma les yeux et bloqua sa respiration comme si cela allait rendre les choses plus supportables. Elle détestait cette sensation de froid sec qui la pénétrait jusqu’à la moelle, cette impression diffuse que quelque chose venait se nicher au creux de sa nuque. Les archéologues, heureusement, étaient trop occuper pour remarquer son frisson ou son expression de dégoût. Clara se racla la gorge, attendant qu’une des personnes occupées à essayer d’identifier les nombreux livres rangés sur les étagères se retourne. Bien évidemment, aucun ne lui accorda la moindre once d’importance. La livreuse soupira. Pas question de revenir sans paiement, elle allait s’armer de patience. Ce faisant, elle commença négligemment à jouer avec un ouvrage posé sur un présentoir près d’elle. Ça ferait sans doute réagir le premier archéologue qui lèverait le nez, qu’une simple livreuse s’amuse avec une antiquité d’avant le grand-blanc.

L’instant d’après, Clara avait tout oublié de la pièce autour d’elle et des archéologues. Elle referma rapidement le livre, pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas. Non, il s’agissait bien d’un de ces volumes reliés de bois datant d’un passé impossible à dater. Et Clara comprenait son contenu. Non, elle était capable de lire son contenu. Elle reconnaissait les mots. Pas comme s’il s’agissait de sa langue, mais comme elle imaginait qu’une autre langue lui deviendrait compréhensible si elle l’apprenait. La page devant elle traitait de quelque chose nommé la bile noire, qui, l’information s’offrit à elle comme si elle s’en rappelait, venait de la rate, et devait être drainée si le patient était enclin à la contemplation et au chagrin. Sa bouche s’assécha. C’était impossible. Juste impossible. Et terrifiant. D’autres souvenirs se pressaient à la lisière de ses pensées, comme l’heure du déjeuner, ou le nom du livre à côté duquel celui-ci était rangé. Clara referma l’ouvrage et le repoussa aussi loin d’elle que possible. Ce faisant, ses yeux croisèrent ceux d’un archéologue, lequel la fixait avec intensité.

Merde. Les lèvres de Clara se tordirent en un simulacre de sourire. Il fallait qu’elle parte, maintenant.

-       Bonjour, croassa-t-elle. Voilà votre déjeuner, comme d’habitude. Si vous voulez bien me donner le paiement, je vais ramasser le sac d’hier et y aller.

L’archéologue, ou plutôt l’apprenti, car à y regarder de plus près, il devait être à peine plus âgé que Clara, ne répondit rien. Son regard naviguait de la livreuse au livre, et du livre à la livreuse. Le cerveau de Clara s’agitait comme un rat pris au piège. Il ne pouvait rien prouver. Elle allait marcher calmement hors de cette bibliothèque, se cacher dans un trou, et attendre que ce non-sens s'estompe. Elle pouvait le faire, elle l’avait déjà fait. Il suffisait de pousser, pousser et de ne surtout pas hésiter.

-      Le paiement ? insista-t-elle en durcissant son ton. Ma patronne a été claire, on ne fait pas crédit. Si vous n’avez pas l’argent, je repars avec le sac plein en plus du sac vide.

Aussitôt dit, aussitôt fait. La jeune femme fit mine de récupérer le sac qu’elle avait posé à côté d’elle. Presque immédiatement, un autre archéologue, qu’elle reconnut comme était celui qui interagissait avec elle la majorité du temps, se détourna de son travail pour lui tendre la pochette remplie d’argent, ainsi que le sac de la veille au soir.

-      Merci, bon appétit.  

Clara n’avait jamais parcouru le chemin du retour aussi vite. Tout allait bien, n’arrêtait-elle pas de se répéter. Au pire, l’apprenti se plaindrait qu’elle avait manipulé un livre, mais il n’avait aucune preuve des nouvelles connaissances qui se pressaient dans son esprit. Jusqu’à quand, Clara était bien incapable de le dire. Même dans les pire moments au centre, elle n’avait jamais été confrontée à une chose pareille. Elle avait pourtant touché bon nombre de fantômes, et dû en traverser quelques-uns à l’occasion. Était-ce parce que ceux du centre n’étaient que de pâles échos ancrés dans l’éther, à force d’être exploités pour former les futurs praticiens ? Tenait-elle vraiment à le savoir ? En tous cas, elle allait devoir se montrer particulièrement prudente dans les jours à venir. L’équipe d’archéologues de Madgalen venait d’être en partie renouvelée, ils ne partiraient pas de sitôt, à moins que la découverte d’un site plus intéressant ne nécessite leur redéploiement. Clara jura à mi-voix, tout en garant sa bicyclette dans la cour de la boutique. Quitte à voir son esprit envahi par des savoirs du passé, elle aurait préféré quelque chose d’utile. L’emplacement d’un trésor, par exemple, ou une recette pour rendre les choux moins amers. C’était bien sa chance, se retrouver en danger pour quelques bribes de souvenirs médiévaux et la possibilité de lire des livres médecine datant d’avant le grand-blanc.   

Le reste de ses livraisons ne fit rien pour améliorer son humeur. Elle devait se retenir de lire les inscriptions sur les murs, et chaque apparition manquait de la faire sursauter. Mais ce n’était rien en comparaison du moment où elle passa les grandes portes de Corpus Christi, et vit la silhouette de l’apprenti archéologue de l’autre côté de la rue, juste à côté de sa bicyclette.

Et merde, encore. Bon, au moins, il n’avait amené d’agent de l’armée ou de la milice. Elle devait garder le cap. Il se lasserait bien assez vite. Par conséquent, la livreuse se redressa, repoussa ses épaules en arrière, et traversa la rue avec ce qu’elle espérait être une démarche neutre. Pas nonchalante, pas pressée, et surtout, n’indiquant pas qu’elle avait remarqué la présence de l’importun à côté de son outil de travail. Avec un calme étudié, elle se penché pour défaire son antivol, sans accorder le moindre regard au jeune homme. Malheureusement, il ne comprit apparemment pas le message implicite, ou décida de s’asseoir dessus.

-      Belle journée, lança-t-il dans sa direction générale, alors que Clara poussait sa bicyclette en direction de la chaussée.

Elle préféra ne pas répondre. Bien qu’à y réfléchir, il allait peut-être considérer qu’elle avait quelque chose à cacher, à ce rythme. C’était insupportable. Elle avait toujours été extrêmement mauvaise pour déduire les réactions des autres. Jusque-là, elle s’en était sortie par chance, et parce que peu de gens se donnent la peine de vraiment regarder les réactions d’une jeune femme de vingt ans… ou qui prétend qu’elle a vingt ans. Mais si le gêneur insistait, elle allait devoir improviser. Ses mains se crispèrent autour des poignées en caoutchouc de la bicyclette. Une véritable antiquité, ajouta son cerveau, dans un clair effort pour penser à autre chose. On n’avait toujours pas retrouvé la méthode pour en faire des pareilles, les nouveaux modèles avaient des poignées en bois.

-      Je m’appelle Jonathan, insista l’apprenti.

Jonathan, bien. Elle ajouta le prénom à la liste de ceux qu’elle utilisait pour nommer les morceaux de papier pour allumer le feu. Elle s’assit sur le siège de la bicyclette, et alla pour actionner les pédales, quand une main se posa sur son guidon, l’empêchant, au moins symboliquement, de se lancer.

-      Je ne suis pas intéressée, siffla-t-elle, des éclairs dans les yeux.

-      Je veux juste quelques minutes de votre temps, plaida Jonathan en retirant sa main du guidon. Laisse-moi marcher avec toi jusqu’à ton café, c’est tout ce que je demande.

Clara se retint de s’élancer à toute vitesse. Déjà parce que leur petite interaction commençait à attirer l’attention. Ensuite parce que la demande était somme toute raisonnable. Le café n’était pas loin, juste un peu plus haut dans la rue. Ecouter ne l’engageait à rien.

-      Jusqu’au café, et rien de plus, grogna-t-elle, en commençant à pousser son vélo.

-      Merci, répondit Jonathan, et bizarrement, il semblait vraiment le penser. Je me demandais… est-ce que tu es satisfaite de ton salaire, en tant que livreuse ?

-      Si c’est une invitation à me prostituer, la conversation finit là.

Jonathan vira au rouge intense et balbutia quelques instants avant de se reprendre.

-      Non…même si ta patronne doit penser que je suis intéressé, parce que je lui suis allé lui demander où était ta prochaine livraison, et elle n’arrêtait pas de pouffer… Mais je suis sérieux, reprit-il en voyant Clara rouler des yeux. J’ai une proposition pour toi. Un partenariat. Avec ma position d’apprenti, même en n’étant arrivé qu’il y a quelques jours, j’ai accès aux plans des collèges. Il y en a plein dont les librairies n’ont jamais été touchées par les archéologues et ne le seront jamais. Priorités trop basses. Avec ton talent, on pourrait y récupérer les documents les plus intéressants et les faire passer pour des archives familiales. La prime pour des documents exploitables venant de fonds privés est de plus en plus haute. On pourrait se faire une petite fortune.

Clara s’immobilisa d’un coup. Jonathan, emporté dans son élan, avança encore de quelques pas, pendant qu’elle mesurait la portée de ce qu’il venait de lui proposer. Une chose était sûre : il s’agissait d’un imbécile. Ou alors d’un agent sous couverture particulièrement malin essayant de la pousser à se révéler. À ce stade, il était quasiment impossible de faire la différence entre les deux, et la jeune femme ne tenait pas à lui tendre le bâton pour se faire battre.

-      Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-elle en reprenant sa marche. Je n’ai pas de talent particulier, je suis une livreuse. Je ne fais même pas les sandwiches.

Le café était maintenant en vue, elle accéléra légèrement l’allure. Jonathan se maintint à sa hauteur, apparemment déterminé à ne pas abandonner. 

-      Je sais ce que j’ai vu. Tu as lu un livre, à la bibliothèque. Un livre dans une des langues oubliées. Je ne sais pas exactement quoi, mais tu as développé une capacité.

Clara lui lança un regard noir. Il baissa la voix.

-      Je comprends, continua-t-il. Et je ne dirai rien. C’est promis. Mais quand je t’ai vu avec ce livre, j’ai aussi compris que c’était ma chance. Notre chance.

-      Il n’y a rien à comprendre, grogna Clara. Rien du tout. Je ne vois pas de quoi tu parles.

Elle avait déjà fait mieux, en matière de dénégation. Cela importait peu. Le café était là. Elle allait pouvoir échapper à cette sangsue humaine. Elle avait déjà poussé la roue de sa bicyclette dans son emplacement, lorsque l’impensable se produisit. Jonathan posa sa main sur la sienne. Aussitôt, elle sentit sa peur, son appréhension, mais aussi son espoir. La sensation était étrange, déstabilisante. Elle n’avait jamais imaginé que les émotions avaient des couleurs, des formes ? Le contact cessa aussi brusquement qu’il avait été initié. Tout disparut aussitôt. Son regard glissa vers Jonathan, qui la dévorait du regard.

-      Je comprends, insista-t-il d’un ton pressant. Je te promets. Est-ce qu’on peut en reparler ? Plus tard ?

La pensée traversa Clara comme un coup de poignard. Ce garçon n’était pas un agent qui aurait percé sa véritable à jour. Ce garçon était un authentique imbécile qui venait de se révéler à une parfaite inconnue dans l’espoir fou qu’elle le rejoigne dans son délire.

-      Tu vas devoir retourner sur tes fouilles ou tes maîtres vont le remarquer, grinça-t-elle d’un ton moins dur qu’elle ne l’aurait voulu. Je dois rapporter des repas à Magdalen ce soir. Si tu as fini ton travail à ce moment-là, tu n’auras qu’à redescendre avec moi. Je connais un endroit calme où on pourra discuter.

Tout en disant cela, elle se frappait mentalement le crâne. Est-ce que la bêtise était contagieuse ? Mais bêtise ou non. Le garçon était un soigneur. Il avait le don. L’image de Mattie traversa son esprit. Elle avait si bien réussi à passer inaperçu tout ce temps. Sûrement, si elle prenait ses précautions, elle parviendrait à continuer à faire de même. 


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  7 commentaires

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Pepito

20 jours

Ce commentaire de "fond" devrait plutôt se trouver en bas du texte, car ne dépendant pas d'un endroit en particulier

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20 jours

Hey ! En tous cas, j'ai bien tes commentaires, et J AI VU TES SURLIGNAGES ! MERCI !

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Pepito

23 jours | modifié il y a 23 jours

test, pour voir ce que donne le surlgnage... ^^

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23 jours

T'as souligné où, je vois rien ? 😭 (aussi : fancy seeing you here ^^)

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P
23 jours

Si j'ai bien tout comprendu, je suis le seul à voir le surlignage... ^^

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23 jours

Oui, je vois rien du tout. Mais le cousin Hubert dit qu'il va mettre son système en ligne d'ici Jeudi, donc je suppose que ce sera opérationnel Jeudi ?

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20 jours

Bonjour à vous tous ! J'ai en effet mis le système d'annotations en ligne. Je vous invite à cliquer sur l'icône représentant un "marqueur" bleu. 🙂

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